Raphaël Prenovec

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IMPLOSIONS ARTISTIQUES

À travers cette série de 13 œuvres, intitulée « Implosions artistiques », dont je ne présente ici qu’une partie, j’ai voulu aborder à ma manière la question de la difficulté qui est inhérente à toute création artistique, et en particulier à la création picturale. L’exploration de mon espace pictural, avec toutes les questions qu’elle soulève en mon for intérieur, avec toutes les difficultés qu’elle me contraint à résoudre et avec toutes les embûches auxquelles elle me soumet, constitue un exerc1 À travers cette série de 13 œuvres, intitulée « Implosions artistiques », dont je ne présente ici qu’une partie, j’ai voulu aborder à ma manière la question de la difficulté qui est inhérente à toute création artistique, et en particulier à la création picturale.
L’exploration de mon espace pictural, avec toutes les questions qu’elle soulève en mon for intérieur, avec toutes les difficultés qu’elle me contraint à résoudre et avec toutes les embûches auxquelles elle me soumet, constitue un exercice des plus difficiles qui soit. Autrement-dit, peindre c’est tout sauf facile, car il faut y mettre de tout son être. La peinture est un exercice qui exige de peindre avec ses tripes, sans quoi elle n’a aucune chance de survivre à celui qui l’éprouve. Comme le disait si bien Gilles Deleuze « peindre ça fend le crâne ». C’est une question d’intériorisation.
Car un tableau, même s’il est figuratif, ne se réduit pas à la figuration de ce qu’il représente, c’est-à-dire à la simple perception du monde extérieur. C’est un ensemble de perceptions et de sensations figées sur la toile qui sont irréductibles à la matérialité de la réalité extérieure et qui sont reliées à l’artiste, à sa main et à son esprit.
La difficulté en peinture – et c’est précisément ce qui définit toute peinture sérieuse – c’est l’aptitude à « tordre » la perception pour créer ses propres règles. Peindre, cela consiste à peindre sans tomber dans la facilité de la figuration qui restreint à l’imitation ou à la simple copie. Le danger majeur pour un peintre c’est le piège de la figuration, et c’est d’autant plus tentant qu’il produise de la peinture figurative. L’erreur absolue c’est de peindre hors contexte, c’est de peindre en s’inscrivant dans un rapport externe et importé sur les choses et le monde environnant. Ce qui revient à oublier l’essentiel au détriment de ce qui lie l’œil, la main et l’esprit de l’artiste. La peinture n’a pas de pouvoir sur les choses, l’artiste n’en a pas sur le réel. C’est précisément ce qui est difficile, voire violent. Cette intériorisation par l’art, je n’ai pas trouvé mieux que de l’exprimer par la représentation de la bombe Hiroshima que j’ai inscrite dans une succession d’états pour en montrer d’une part la difficulté et d’autre part pour en dévoiler l’évolution et la maturation dans le temps. L’acte de peindre est une démarche par laquelle l’artiste s’éprouve et s’enrichit intérieurement d’un excès qui le traverse. Paradoxalement. La peinture c’est l’expérience de la joie dans la douleur. C’est la joie de la création dans la douleur de l’enfantement. Cette douleur je la ressens au plus profond de moi. Elle résonne à chaque fois comme une implosion intérieure que je désire et que je redoute à la fois, sans qu’il y ait moyen d’y échapper.
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