« Il faut cultiver son jardin », disait Voltaire dans Candide. Mon jardin est peuplé de fruits et de légumes sortis de mon imagination, mais surtout de couleurs. C’est ce que j’appelle mon espace pictural et que je définis comme un espace parallèle à l’espace physique dans lequel nous nous mouvons. Si l’espace pictural du peintre est rempli de formes et de couleurs, il n’a pourtant rien de physique ou de matériel. Les formes et les couleurs représentées s’inscrivent dans l’espace de la toile et1
« Il faut cultiver son jardin », disait Voltaire dans Candide.
Mon jardin est peuplé de fruits et de légumes sortis de mon imagination, mais surtout de couleurs. C’est ce que j’appelle mon espace pictural et que je définis comme un espace parallèle à l’espace physique dans lequel nous nous mouvons.
Si l’espace pictural du peintre est rempli de formes et de couleurs, il n’a pourtant rien de physique ou de matériel. Les formes et les couleurs représentées s’inscrivent dans l’espace de la toile et l’occupent d’une certaine manière et c’est uniquement en tant qu’elles l’occupent qu’elles en sont des représentations. C’est ainsi que le fruit n’est pas fruit, la tomate n’est pas tomate, la pomme n’est pas pomme, ou comme le disait si bien Magritte « ceci n’est pas une pipe » dans l’une de ses œuvres. L’objet, la forme et la couleur sont autant de prétextes pour occuper et exprimer l’espace pictural que construit et développe l’artiste dans son imaginaire. Ne cherchez donc pas la ressemblance avec le réel car la représentation picturale est tout sauf réelle.
Les cubistes, avec Braque qui a porté ce mouvement artistique à son apogée, ont cherché à nous faire comprendre qu’il était possible de voir la réalité autrement et à nous faire entrer dans une autre dimension de la vie. L’art possède ce pouvoir de suggestion, à condition d’être réceptif et sensible à son propos.
Dans cette série de cinq tomates, j’invite le spectateur à regarder la maturation de ce fruit dans le déploiement d’une sorte d’intériorisation personnelle : ce regard implique non seulement une perception singulière de la réalité, mais il engage aussi le déploiement d’un espace intérieur qui s’organise dans le temps et qui s’inscrit dans la durée. C’est précisément cette manière de voir personnelle que je souhaite partager avec lui et, plus généralement, je cherche à aborder au moyen de mon travail de peintre le mystère de la maturation de la production artistique et celui du devenir artiste en tant qu’accomplissement de soi.